« Il manque un titre pour que le football féminin explose en France »

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Cette dernière année n’a pas été de tout repos pour le football féminin en France. Les gros titres dans l’actualité ont été dominés par l’affaire Diallo-Hamraoui et l’éviction de Corinne Diacre, bien loin des préoccupations du terrain.

Avec la Coupe du monde qui démarre ce jeudi en Australie et en Nouvelle-Zélande, les Bleues espèrent retrouver de l’allant et enfin décrocher un trophée international qui manque à leur palmarès. Mais derrière la figure d’Hervé Renard et les locomotives OL-PSG en championnat, le ballon rond féminin accuse encore le coup dans notre pays.

Hausse de 140 % du nombre de licenciées en dix ans

Le Mondial organisé en 2019 avait été largement suivi en France avec un record d’audience à 12 millions de téléspectateurs pour le huitième de finale face au Brésil. Concernant l’affluence, les stades étaient bien remplis pour les Bleues et même la finale États-Unis-Pays-Bas avait rassemblé près de 57 900 personnes à Lyon. Mais les instances n’ont pas capitalisé sur ce succès populaire et les clubs n’ont pas bénéficié sur la durée de l’élan désiré, à l’image de la Coupe du monde 1998 pour les hommes.

Éducateur dans le football féminin depuis huit ans, Adrien Besnard dirige la réserve du FC Nantes. Il livre son diagnostic pour Le Point. « En 2015 on n’avait pas encore de réel championnat chez les jeunes, c’était surtout du loisir, chez les séniors, ça commençait à se structurer, mais aujourd’hui, toutes les équipes ne sont pas professionnelles, par exemple en deuxième division. Certaines joueuses travaillent encore à côté. »

Les plus gros points noirs à ses yeux restent encore la médiatisation et la diffusion télévisée qui concèdent un sérieux retard. « Dès qu’il pleut dans certains stades, les caméras prennent l’eau et on ne voit rien à la télévision. Comment alors donner envie de regarder du football féminin ? À part dans de rares cas, le football féminin ne rapporte pas d’argent aujourd’hui. On sait bien que les garçons génèrent plus de revenus, mais il faut tendre vers plus de parité. » La fédération a compté récemment plus de 220 000 licenciées, soit une augmentation de 140 % en une décennie.

De son côté, Ève Perisset, internationale tricolore qui évolue à Chelsea, a indiqué à 20 minutes le gap qui séparait les installations pour les joueuses en France et celles en Angleterre. « Il n’y a pas photo. À Chelsea, on a des infrastructures incroyables, des terrains d’entraînement qui sont tous des billards, des staffs très fournis. Il y a près de quarante personnes en permanence autour de notre équipe. On voit que l’Angleterre a réussi à se servir de son Euro à la maison pour impulser un vrai virage, chose qu’on n’a pas su faire en France. Aujourd’hui, des pays comme l’Angleterre ou l’Espagne nous sont passés devant, alors qu’on avait de l’avance sur eux. »

Un ambitieux plan d’investissement dévoilé en avril par la FFF

Si l’Olympique lyonnais et le Paris Saint-Germain féminins sont dans une autre dimension, tous les autres clubs ont souffert récemment. Manque de matériel, terrains dans un piteux état et des moyens dérisoires pour combler le gouffre qui les sépare des deux mastodontes. En avril dernier, la FFF a annoncé en conséquence des réformes : nouveau système de play-off pour le championnat, des dotations augmentées et un nouvel appel d’offres pour les droits télé. Jean-Michel Aulas, désormais délesté de ses fonctions de président à l’OL, s’est engagé pleinement dans le développement du football féminin. Ce plan d’investissement est ainsi estimé entre 4 et 5 millions d’euros.

À LIRE AUSSIGrande première pour le football féminin : la Fifa versera directement les primes aux joueusesNéanmoins, pour Adrien Besnard, il faut encore un coup de boost nécessaire au développement de sa discipline. « Selon moi, il manque un titre pour que le football féminin explose définitivement ici. Hervé Renard est très compétent, que ce soit ce Mondial, les JO dans un an ou l’Euro en 2025, un trophée international peut vraiment faire du bien. Ces derniers temps, on a seulement parlé du négatif dans la presse, mais on oublie de mentionner tous les titres de l’OL en Ligue des champions, la victoire des U17 au dernier Euro et la formation performante, tout ça va dans le bon sens. » Avec leur entrée en lice dimanche face à la Jamaïque, les Bleues sont attendues de pied ferme. Malgré les 17 000 kilomètres qui séparent la France de Sydney, l’aventure des joueuses d’Hervé Renard sera scrutée de près.

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Source : https://amp.lepoint.fr/2529211

Auteur :

Date de Publication : 2023-07-23 07:00:00

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