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L’infinie dévotion des Tibétains au dalaï-lama

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Il y a foule, en ce matin d’avril, dans les jardins du dalaï-lama. Plus de trois cents personnes, toutes venues de très bonne heure pour subir le test Covid et la fouille au corps qui leur permettront d’accéder au saint des saints. C’est un jour de semaine, pourtant. Un vendredi ordinaire à Dharamsala, ville indienne où le chef spirituel tibétain est établi depuis 1960, mais absolument unique pour ceux qui ont franchi ces portes, au terme d’un long voyage. Car ils arrivent de loin, ces rares Occidentaux, ces Indiens de différentes confessions et surtout ces Tibétains, les plus nombreux, qui seront bientôt reçus en audience publique par Tenzin Gyatso.

Les femmes portent une jupe longue, ornée d’un tablier rayé lorsqu’elles sont mariées. Les hommes, une chuba, manteau croisé traditionnel, ou bien une tunique à carreaux et manchettes blanches, pour ceux du Bhoutan. Assis deux par deux sur un tapis de feutre étroit et long − si long que son extrémité se perd au détour d’un chemin en pente −, ils bougent à peine quand un garde de la police indienne, l’air désœuvré, passe avec une vieille kalachnikov en bandoulière. Ils attendent, en silence, l’arrivée du « Précieux Protecteur ».

Ce silence a quelque chose d’ensorcelant. Rien ne le trouble, en dehors du bruit étouffé des klaxons, par-delà l’enceinte. Même l’irruption du vieil homme, que son arthrose des genoux oblige à circuler dans une sorte de « dalaïmobile » vitrée, ne le rompt pas. Au contraire, il devient plus enveloppant, presque compact. Pendant que certains s’agenouillent dans sa direction, le front posé à terre, d’autres se couchent à plat ventre sur le sol goudronné.

Questions amusées

Alors, les Tibétains s’avancent vers le fauteuil où s’est assise Sa Sainteté, bras nus émergeant d’une robe de moine carmin et safran. Ils s’approchent par petits groupes et se serrent autour de lui, comme des enfants aux pieds de leur père. On entend, ici et là, le rire cascadant de celui qui s’adresse à ses fidèles sans la moindre solennité. Il se recueille, les mains jointes, devant la photo d’un malade ou pose des questions très simples, souvent amusées. « Qu’as-tu fait à ton nez ? », demande-t-il à un petit garçon dont le visage présente des égratignures. Les enfants repartent avec des barres de chocolat, les adultes avec un portrait du Bouddha et un cordon rouge, bénits par Sa Sainteté.

L’intimité de ces scènes, si semblables à des réunions de famille, donne une idée de l’attachement des Tibétains pour le dalaï-lama. Dans un Occident devenu laïque, ce sentiment fait de respect, de vénération, de reconnaissance, mais aussi d’une extrême tendresse, n’est pas facile à comprendre. Au sein du monde tibétain, en revanche, il constitue le ciment de la communauté, pour ne pas dire sa matrice. Le chef spirituel, quant à lui, tient énormément à ces rencontres, selon son entourage. Il les a d’ailleurs multipliées quand il a cessé de sortir d’Inde, au moment de la pandémie de Covid-19.

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Source : https://www.lemonde.fr/series-d-ete/article/2023/08/08/l-infinie-devotion-des-tibetains-au-dalai-lama_6184853_3451060.html

Auteur :

Date de Publication : 2023-08-08 19:00:11

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