Daft Punk, une odyssée du Nouveau Monde
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Le contact avec les humains est rétabli le 26 février 2013. Ce jour-là, la page Facebook de Daft Punk cesse d’être inactive en changeant sa photo de présentation. Sur fond noir se détache un casque bicéphale, mi-chromé, mi-doré. En bas à droite, le logo de leur nouvelle maison de disques, Columbia, nom de la figure féminine allégorique des Etats-Unis. Le message sans texte est reçu instantanément. La Toile s’affole. Le binôme de robots musiciens le plus célèbre de la culture pop prépare un coup. Depuis leur enfance, les prodiges que la planète électro nous envie rêvent du Nouveau Monde. L’Amérique, ils veulent l’avoir, et ils l’auront.
Onze mois après ce post sur Internet, les Parisiens Thomas Bangalter et Guy-Manuel de Homem-Christo sont sacrés à Los Angeles, devant 30 millions de téléspectateurs, lors des Grammy Awards, les Oscars de la musique. Daft Punk triomphe avec un quatrième album studio, Random Access Memories, numéro 1 dans une vingtaine de pays, un exploit qu’aucun artiste ou groupe français n’avait réalisé auparavant. Pour la cérémonie, ils sont vêtus de blanc, comme les soldats de l’Empire dans Star Wars. Les visages dissimulés dans ces casques que tout Terrien connaît. Un attribut ambigu puisqu’il permet à la fois de s’exposer publiquement et de se cacher pour préserver son intimité.
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En une quinzaine d’années, le duo a déjà imprimé sa marque sur l’histoire des musiques populaires en portant une culture underground – l’électro – aux oreilles du grand public. A un rythme quadriennal. L’album fondateur, Homework (1997), a su imposer la house music et la techno, des styles apparus dans les années 1980 aux Etats-Unis, construits à partir de boucles rythmiques. Il est suivi d’un Discovery (2001) rétrofuturiste avec son tube néodisco One More Time, puis de Human After All (2005), mal-aimé et incompris. Impossible d’en rester là.
Lors d’une soirée d’écoute de l’album de Daft Punk « Random Access Memories », au Shard, à Londres, le 13 mai 2013. DAVID M. BENETT / GETTY IMAGES
En 2011, les laborantins rompent radicalement avec leurs habitudes. Ils délaissent l’autarcie du « studio à la maison » pour faire interpréter à d’autres musiciens, ceux de l’Orchestre philharmonique de Londres, la bande originale qu’ils ont composée pour Tron. L’héritage (2010). Ce film de science-fiction produit par Disney donne déjà un indicateur du marché convoité. La France a toujours été trop petite pour eux. Leur destin se joue désormais en Californie et à New York. « Nous concevons d’abord la musique comme un divertissement », affirme, dès 2001, Thomas Bangalter au Monde, une déclaration d’intention idéale pour réussir en Amérique. A leur aise en anglais, les Frenchies partagent alors leur existence entre Paris et Los Angeles.
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Source : https://www.lemonde.fr/series-d-ete/article/2023/08/14/daft-punk-une-odyssee-du-nouveau-monde_6185331_3451060.html
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Date de Publication : 2023-08-14 05:00:07
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