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Derrière la prix Nobel de la paix, une famille soudée, en exil en France

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Le meuble trône à l’entrée de l’appartement de Taghi Rahmani, dans la résidence de brique rouge longée par le tramway, qu’il occupe au nord de Paris. C’est une bibliothèque standard, l’un des rares mobiliers du salon, mais au contenu hors du commun. L’étagère du haut abrite les distinctions ­décernées à son épouse, Narges Mohammadi, par Reporters sans frontières (RSF), l’organisation de défense de la liberté d’expression PEN International ou encore la ville allemande de Weimar.

Sur la planche du dessous, un portefeuille en cuir. La militante iranienne des droits humains l’a fabriqué dans la prison d’Evin, à Téhéran, où, enfermée avec d’autres détenus politiques, elle brode aussi des tissus qu’elle envoie à ses soutiens, comme un fil qui la relie à eux. La bibliothèque fait office d’autel familial, de musée de poche qui donne corps à l’absente.

Taghi Rahmani est marié depuis vingt-cinq ans à celle qui deviendra le 10 décembre la lauréate du prix Nobel de la paix 2023. Difficile de dire qu’il partage sa vie avec elle tant la répression du régime des mollahs n’a cessé de les arracher l’un à l’autre. En 2012, l’intellectuel et opposant de 64 ans a dû fuir l’Iran pour s’installer à Paris. S’il est physiquement en sécurité en France, ses pensées restent tournées vers son pays d’origine et les combats de ses compatriotes, à commencer par ceux de Narges Mohammadi.

Pour lui et leurs enfants, Kiana et Ali, qui l’ont rejoint en 2015, la « Nobel » est d’abord une épouse et une mère dont il faut conjurer l’éloignement. Dans son exil, le trio mène une double vie : d’un côté, la routine d’un père solo et de ses jumeaux de 17 ans ; de l’autre, le quotidien hors norme d’une famille en lutte, soutien indéfectible de la militante.

Ses proches savent sa santé fragile

Le 6 octobre 2023, des médias ont déboulé au pied de l’appartement pour une conférence de presse. Le comité Nobel venait d’annoncer son choix de récompenser Narges Mohammadi « pour son combat contre l’oppression des femmes en Iran et sa lutte pour la promotion des droits humains et la liberté pour tous ».

Kiana et Ali l’ont compris quand, en classe, leurs téléphones ont commencé à saturer de messages de félicitation. Ils ont sauté de joie et rejoint leur père. Devant les journalistes, Taghi Rahmani a rappelé qu’au-delà de son épouse, le prix récompensait « les hommes et femmes qui se battent en Iran pour la devise “Femme, vie, liberté” ».

Ce soir d’octobre dans son appartement, l’homme à l’allure de professeur insiste : « Narges fait partie de ces militantes qui font toujours passer les autres avant elles. Elle souhaite que l’injustice vécue par les femmes en Iran ne quitte jamais l’actualité. » Il parle toujours d’un ton égal, précis et concentré. En bon militant à la carapace forgée par la répression, la prison et la torture, l’époux maîtrise ses émotions. Ses enfants se serrent à côté de lui sur le canapé, derrière le bureau prolongé d’une table qui déborde jusqu’au milieu du salon. Les jumeaux complètent les mots du père qui s’exprime en farsi, traduit par une amie. Parfois, l’un des trois passe son bras sur l’épaule d’un autre avec tendresse.

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Source : https://www.lemonde.fr/m-le-mag/article/2023/12/03/derriere-la-prix-nobel-de-la-paix-une-famille-soudee-en-exil-en-france_6203639_4500055.html

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Date de Publication : 2023-12-03 06:15:05

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