« On ne voyait pas comment s’en tirer »
Une vidéo publiée sur la chaîne Telegram le 9 octobre 2023, après l’attaque de la rave Supernova par le Hamas, près du kibboutz Réïm dans le désert du Néguev, dans le sud d’Israël, le 8 octobre 2023. AFP PHOTO / SOUTH FIRSTS RESPONDERS
Noam Tal y tenait, à cette fête. C’était la première édition israélienne du festival Tribes of Nova, né au Brésil en 2000. « Il a très bonne réputation et est fréquenté par un public de connaisseurs. J’avais acheté mes places trois mois plus tôt. Beaucoup de mes amis y allaient », se souvient le jeune homme de 27 ans.
C’est un habitué de ce genre d’événements, que les Israéliens ont importé des plages de Goa, en Inde, dans les années 1990, et appellent en hébreu « nature parties » et non « rave parties », parce qu’elles se déroulent en plein air. Il a commencé ces fêtes dix ans plus tôt. Il sortait tous les jeudis, s’est créée ainsi une bande d’amis, et a affiné ses goûts – il apprécie la trance Goa, particulièrement énergique. Depuis, Noam Tal parcourt les fêtes, de préférence légales, préférant la compagnie de gens plus âgés que lui.
Corps large, gestes un peu timides, le jeune homme vit en Cisjordanie occupée par l’armée israélienne, dans la colonie de Kedumim, illégale selon le droit international. Il habite avec ses parents, qui y sont installés depuis 1980 – ils furent parmi les premiers habitants de cette communauté créée en 1975. Dans ces festivals, Noam Tal semble trouver sa place. « C’est une part importante de ma vie, que j’aime beaucoup. La musique me met dans un état de paix qui me fait du bien », raconte-t-il. « Je me sens moi-même. »
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C’est tout un rituel. « On prépare le matériel de camping, les repas. Puis, on part, on récupère ses amis sur la route. Et on arrive, on s’installe, on salue les amis, les connaissances. Pour ce festival, c’est la première fois que j’allais dans cette partie du pays. Il y avait vraiment beaucoup, beaucoup de monde. Des fêtes comme ça, j’en ai fait trois dans ma vie. » Tout est prévu : son, lumière, brumisateurs, bar et restauration.
Le festival commence et quelque 3 500 personnes dansent au rythme de la musique. Toute la nuit se passe là, à cinq kilomètres de la bande de Gaza, près d’un petit bois d’eucalyptus. L’enclave est assiégée par Israël depuis sa prise de contrôle par le Hamas en 2007. Combien de festivaliers le savent ? Et combien ne veulent pas le savoir, confiants dans la protection qu’offre l’une des frontières les plus sécurisées au monde ?
Rien pour s’abriter
A 6 h 40, samedi 7 octobre, le soleil se lève. Alors que le concert se termine, des coups sourds retentissent dans le ciel, accompagnés d’éclats lumineux, comme un orage. Le Hamas tire des salves de roquettes, interceptées par le dôme de fer, le dispositif de défense antiaérienne d’Israël. « On a dansé toute la nuit, jusqu’à ce que la musique s’arrête et que l’on voie les roquettes dans le ciel », se souvient Neta Abir-lev, une serveuse de 23 ans, qui participe à au moins un ou deux festivals par mois. Elle est venue avec une quinzaine d’amis, dont Karine Zarino, qui, le pied cassé, porte un plâtre.
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Source : https://www.lemonde.fr/international/article/2023/10/10/des-rescapes-du-massacre-de-la-rave-party-en-israel-temoignent-on-ne-voyait-pas-comment-s-en-tirer_6193473_3210.html
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Date de Publication : 2023-10-10 05:48:08
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