Photos de Toulouse avant 1900 : saurez-vous retrouver où elles ont été prises ?
Par Simon Vermot Desroches
Publié le 13 Août 23 à 19:22
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Le marché de la place du Capitole, en juin 1896. (©Fonds Trutat, archives Museum de Toulouse)
Eugène Trutat. Ce nom ne vous dit peut-être rien. Pourtant, né en 1840 et mort 70 années plus tard, ce professeur, pyrénéiste, géologue et naturaliste français, mais aussi au cours de sa vie, conservateur puis directeur du Muséum d’histoire naturelle de Toulouse, a marqué l’histoire de la Ville rose.
Une collection de photographies exceptionnelles
Avant de revenir sur sa vie, qu’Actu Toulouse vous racontera dans le deuxième épisode de cette série, retour aujourd’hui sur ce qu’il a laissé et qui nous permet aujourd’hui, de nous souvenir de son nom : sa collection de photographies et sa découverte.
Au quartier des Carmes, des chèvres le 28 août 1898. (©Fonds Trutat, archives Museum de Toulouse)
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Plus d’une tonne de plaques de verre
Lorsque Frédéric Ripoll, le premier responsable de la photothèque du Muséum de Toulouse dans les années 90, se plonge à corps perdu dans ce qui aujourd’hui est appelé « le fonds Trutat », il ne s’imaginait sans doute pas la route qui l’attendait.
Il découvre en effet, plus d’une tonne de plaques de verre, qui « selon la légende traînaient dans le grenier du Muséum », sourit Lisa Cocrelle, la responsable actuelle de la photothèque du Muséum.
Le musée des Augustins à Toulouse en 1905, en face, la rue Alsace-Lorraine. (©Fonds Trutat, archives Museum de Toulouse)
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Un travail de fourmi
« Je pense que la vérité n’est pas aussi belle. Mais quoi qu’il en soit, Frédéric Ripoll va faire un travail extraordinaire, puisque face à ces milliers de plaques, il va organiser, ranger, trier, et mener son enquête pour en découvrir un peu plus sur cet homme et sur ces clichés », poursuit-elle.
Un travail de fourmi qui a lieu alors que le Muséum est en pleine reconversion et en pleine transformation. Il a alors devant lui, des enveloppes, parfois annotées précisément, avec le lieu, la date, la description de la photographie, parfois non… Des enveloppes de toutes les tailles, qui contiennent chacune une plaque de verre.
Le Capitole en 1859. (©Fonds Trutat, archives Museum de Toulouse)
La place du Capitole jour de marché, entre 1880 et 1907. Au centre les tramways hippomobiles et voitures à cheval, passants à côté des étals du marché. (©Fonds Trutat, archives Museum de Toulouse)
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Les débuts de la photographie
Puisqu’au début de la photographie – Eugène Trutat commence à prendre des clichés seulement une trentaine d’années après l’invention du procédé – on utilise des plaques en verre. Le principe repose sur l’utilisation de produits chimiques sensibles à la lumière.
Ceux-ci sont dispersés dans une gélatine pour former un mélange appelé une émulsion. Lorsque l’émulsion est exposée à la lumière, les produits chimiques réagissent et deviennent, selon leur degré d’exposition aux rayons lumineux, plus ou moins opaques. Le résultat est alors une image.
Carrefour des allées Jean-Jaurès et du boulevard Lazare-Carnot, vers 1881. Un tramway hippomobile stationne au milieu du carrefour. (©Fonds Trutat, archives Museum de Toulouse)
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Des dons aux archives
De passe-temps, ce procédé deviendra une véritable passion pour Eugène Trutat qui s’en servira pour projeter, notamment lors de ses cours, des photos à ses étudiants, à la manière d’un vidéo-projecteur aujourd’hui. Ils présentent alors les images qu’il prend en ville, au Muséum, lors de ses voyages ou dans les Pyrénées.
À sa mort, en 1910, ces plaques sont en partie rachetées par le directeur du Muséum. D’autres sont données par un descendant du pyrénéiste dans les années 70, aux différentes archives que ce soit la mairie de Toulouse ou le Museum. Avant un autre don, cette fois, de plus de 4 000 plaques quelques années plus tard.
Entre 1875 et 1907, un groupe de petites filles encadré par des religieuses traversent la place Saint-Sernin. (©Fonds Trutat, archives Museum de Toulouse)
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« Œil de photographe moderne »
Et elles resteront ainsi, cachées, un peu plus oubliées année après année. Il faut dire que la masse de plaques de verre aurait de quoi décourager le plus valeureux et motivé des employés communaux.
Mais non, Frédéric Ripoll se lance. Ce premier travail d’archivage, de triage et de classement fait, il arrivera ensuite à entraîner avec lui les autres membres de la photothèque, persuadés, eux aussi du caractère inestimable des clichés.
« Car Trutat ne fait pas des photos pour faire des photos. Elles sont incroyablement modernes », explique Lisa Cocrelle. « Il a un vrai œil de photographe moderne. À l’époque, personne ne prend de portrait, ou bien de notables. Lui le fait. Il prend des riches, des pauvres, monsieur et madame Tout-le-Monde. Il est là, le côté incroyable de ce travail ».
La place près du pont Saint-Pierre le 23 Mai 1900. (©Fonds Trutat, archives Museum de Toulouse)
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La numérisation pour mettre ce fonds à la portée de tous
Frédéric Ripoll embarquera ainsi avec lui Frédérique Gaillard qui lui succédera à la tête de la photothèque. C’est elle qui donnera un nouveau souffle au fonds Trutat, poussant la communication et lançant le programme Phoebus. L’objectif est simple : numériser la totalité du fonds Trutat et le mettre en ligne à la portée de tous, notamment via Wikimedia Commons et Flickr.
La culture se numérise pendant les années 2000, les archives aussi, et le fonds Trutat offre une merveilleuse occasion de mettre en valeur le patrimoine.
La rue de Metz avec, au fond le château d’eau, sans date précise. (©Fonds Trutat, archives Museum de Toulouse)
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Les originaux sous bonne garde
Aujourd’hui, les plaques de verre sont toujours stockées au Muséum, dans une salle sécurisée, climatisée, où l’humidité est contrôlée… Cinq énormes racks, regroupent toutes les collections du musée. Sur ces cinq, trois sont dédiées au fonds Trutat, et ses appareils photo, son matériel, y sont également conservés.
« Cette expérience : être plongé au quotidien dans une œuvre photographique cinq années durant, a été la plus exaltante de ma carrière », expliquait Frédéric Rippoll dans un article pour la Société des Amis du Vieux Saint-Antonin, il y a quelques années. À notre tour de nous y plonger !
Le canal du Midi, et derrière l’ancienne gare Matabiau, le 20 juin 1901 (©Fonds Trutat, archives Museum de Toulouse)
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La semaine prochaine, nous reviendrons sur la vie d’Eugène Trutat, sa passion pour la photographie et mettrons en avant ses portraits. Des visages venus d’un autre temps.
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Source : https://actu.fr/occitanie/toulouse_31555/photos-de-toulouse-avant-1900-saurez-vous-retrouver-ou-elles-ont-ete-prises_59918871.html
Auteur :
Date de Publication : 2023-08-13 19:22:01
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