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Street Art City, la plus étonnante des villes bourbonnaises

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Milieu des années 70. Les PTT, administration française qui gère le réseau téléphonique, construit un centre de formation pour son personnel au beau milieu du bocage Bourbonnais, à Lurcy-Lévy. La petite commune est située sur l’axe reliant Moulins à la Forêt de Tronçais. Le centre s’étend sur 10 hectares de terrain. Il comprend divers bâtiments techniques et un immeuble type hôtel (128 chambres pour le moins monacales) pour accueillir le personnel en formation. La construction est typique de l’architecture des seventies. Au total 7 000 m² de bâtiments sont construits sur le site qui ferme, après 15 ans d’utilisation, en 1992. À cette époque, les PTT se transforment en France Télécom qui prépare la mutation numérique et internet avant de devenir Orange. Totalement obsolète, le site de Lurcy est tout simplement laissé à l’abandon. En 2003, la nature a repris ses droits, les ronces et la végétation ont envahi les 10 hectares, mais les bâtiments ont tenu le choc. Celui de 4 étages a pris des airs de fantôme de béton, tout gris, hors du temps. L’ensemble est racheté par Gilles et Sylvie Iniesta

Le déclic

12 ans après le rachat, le site est toujours là et dans le même état. Un soir de l’hiver 2015, Sylvie y promène son chien. À cet instant, un déclic se produit : dans son imaginaire, elle voit se métamorphoser les bâtiments, le gris dominant laissant place aux couleurs utilisées pour les tags et les graffitis des grandes villes. Rentrée à son domicile, elle se jette sur le web à la découverte du street art dont elle ignore à peu près tout. Sylvie et son mari passent des jours entiers à éplucher tout ce qui est publié sur cette discipline, à la fois mode d’expression et mouvement artistique apparu avec des peintres comme Yves Klein ou Keith Haring, puis popularisé par les Writers dans les métros des mégalopoles américaines. De leur recherches sort une conclusion sans appel. Le street art est éphémère, souvent illégal, parfois objet de commandes institutionnelles, pratiqué dans des festivals mais il n’existe aucun lieu pérenne et spécialisé, capable d’accueillir des artistes en résidence. Décision est prise : l’ancien centre PTT devient le premier centre de résidence pour streetarteurs, au monde. L’aventure Street Art City peut débuter. Quelques graffeurs locaux s’emparent des premiers pans de mur en 2015, ils valident le lieu et le projet.

La Villa Médicis du street art

En 2016, en accueillant officiellement les premiers artistes, Gilles et Sylvie Iniesta n’ont pas vraiment idée de la manière dont le projet va évoluer. Ils n’ont pas d’autre ambition que d’accueillir des créateurs chez eux. Ils investissent sur leurs deniers personnels, remettent les lieux en état pour offrir de bonnes conditions d’hébergement. Ils négocient au mieux les fournitures en particulier les bombes de peinture et le matériel type nacelle. Durant la première saison, 51 Artistes de 11 nationalités différentes viennent à Lurcy-Levy, travaillent sur les murs extérieurs et publient les images de leur fresques sur les réseaux sociaux. Evidemment les publications font le buzz et Street Art City devient LE spot convoité des artistes du monde entier. En 2017 le couple Iniesta prend deux décisions importantes. La première est l’ouverture des chambres abandonnées du bâtiment de 4 étages. 51 d’entre-elles sont livrées aux artistes pour être transformées en « œuvres-cellules » donnant naissance à « l’Hôtel 128 », un programme de 128 chambres pour des artistes venus des 5 continents. La seconde décision est l’ouverture au public très attiré par ce lieu hors du commun. Durant les deux saisons suivantes l’ensemble des 128 chambres s’ouvre et les artistes sont de plus en plus nombreux à postuler pour un séjour au sein de ce qui est devenu « La Villa Médicis du street art » pour reprendre le bon mot du Parisien aujourd’hui en France. L’Hôtel 128, quant à lui, est devenu une œuvre collective, en perpétuelle évolution, puisque des chambres sont « neutralisées » de manière aléatoire et remise à disposition de nouveaux artistes.

Un projet arrivé à maturité

Photo 7 Jours à Clermont

Depuis 2016, plus de 480 artistes, venus de 65 pays différents, ont laissé une trace de leur passage à Street Art City qui revendique aujourd’hui 22 500 m2 de fresques extérieures et près de 17 000 m2 en intérieur. « La résidence tremplin » gère une liste d’attente forte de 1 000 candidats … cela exige une sélection sur dossier de plus en plus rigoureuse. Gilles et Sylvie Iniesta ne cherchent pas à attirer des artistes stars mais plutôt de mettre en lumière ceux dont la qualité de travail mérite une mise en lumière. Les dossiers présentés montrent que le street art a très largement dépassé le stade de la simple bombe pour aborder les techniques diverses utilisées dans l’art contemporain.
Street Art City accueille les artistes sur des périodes variant de 2 à 8 semaines, parfois un peu plus. Ils sont entièrement pris en charge avec mise à disposition du matériel dont ils ont besoin. Certains d’entre-eux peuvent également bénéficier d’un accompagnement personnalisé et d’ateliers dans lesquels ils réalisent des œuvres exposées ensuite à la vente de manière permanente.

Une expérience hors du commun

Si la visite en extérieur reste relativement classique, celle de l’Hôtel 128 se réalise en immersion. Équipés de lampes frontales, les visiteurs sont invités à s’enfermer dans les chambres et à s’imprégner des différents univers proposés par les artistes. L’ambiance est totalement inhabituelle, tantôt euphorisante, tantôt dérangeante, toujours respectueuse. Comme à l’hôtel, on frappe aux portes avant d’entrer dans les chambres et on parle doucement dans les couloirs. Le voyage artistique à Street Art City est un voyage au long cours, tout voir peut durer jusqu’à 5 bonnes heures, mais nul n’est obligé de quoi que ce soit.

Un modèle de fonctionnement

Aujourd’hui Street Art City, fonctionne en s’appuyant sur une association loi 1901 présidée par Gilles Iniesta. La structure s’autofinance via les billets d’entrée et la vente de livres d’art consacrés aux œuvres réalisées sur place. Sylvie a endossé le rôle de directrice artistique, assistée de Joël qui a également en charge la partie photo et vidéo. Pour la saison 2023, (de Mai à Toussaint) pas moins de 12 collaborateurs font tourner le centre qui accueille les nombreux visiteurs venus parfois de l’autre bout du monde. Encore étonnés de l’engouement pour le lieux qu’ils ont créé, Gilles et Sylvie Iniesta réfléchissent à l’avenir de Street Art City. Ils ont plusieurs projets en vrac dans les cartons : ouverture 24h/24 7j/7, visites digitales, accueil de groupes pour de l’événementiel ou encore soutien à des festivals. De leurs côtés, les artistes font évoluer la city avec de nouvelles fresques en lieu et place des plus anciennes. Dans ce coin de l’Allier le PTT Gang (photo ci-dessus) ne s’arête jamais.

Street Art City : 03320 Lurcy-Levy ouverture de 11h à 19h, fermeture hebdomadaire le mercredi. Fresques, galerie, restauration.
Infos, conditions de visites et réservations sur www.street-art-city.com / CV d’artistes en cliquant ici

lire aussi notre article : Une nouvelle édition pour le livre « La Sainte-Manu : Histoire d’une Rinovation »

Photos 7 Jours à Clermont

Source : https://www.7joursaclermont.fr/street-art-city/amp/

Auteur :

Date de Publication : 2023-08-04 03:07:15

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