Test Nikon Z8 : un excellent hybride qui prend dignement la relève du D850
Nikon Z8, le nouveau roi du marché de l’hybride ?
Annoncé en mai 2023, mais ayant moult fuité depuis des semaines, le Nikon Z8 (Z 8 dans la nomenclature du constructeur) a fait grand bruit.
Un petit frère au Nikon Z9.
Un Z9, mais “compact”
Nikon présente cet hybride plutôt costaud comme le successeur du D850, (toujours un peu) le meilleur reflex du marché. Plus imposant qu’un Z7 II, mais plus menu qu’un Z9, l’appareil offre une prise en main renouvelée, qui reprend pourtant les caractéristiques — et donc théoriquement les performances — du Nikon Z9.
Ce boîtier s’avance presque sans compromis avec son capteur 24×36 “empilé” et stabilisé de 45,7 Mpx, une forte rafale à 20 i/s, ou encore l’enregistrement jusqu’en 8,3K RAW. Bref, un appareil pour le sport, le studio, l’animalier, un peu tout en fait.
Un boîtier très polyvalent difficile à comparer
Cette ultra polyvalence rend le Z8 difficilement comparable, même avec des boîtiers de sa gamme, tels les Sony A7R V et Canon EOS R5. Avec son encombrement plus réduit, on pourrait aussi le confronter au Sony Alpha 1, pourtant commercialisé dans une tout autre gamme. Enfin, comment ignorer l’ombre que fait ce Z8 au Nikon Z9 ?
Accompagné du 85 mm f/1,2.
Prix et disponibilité
Le Nikon Z8 est disponible depuis mai 2023 au prix de 4599 € boîtier nu. En kit avec le Nikkor Z 24-120mm f/4 S, il vous en coûtera 5549 €.
Le Z8, la nouvelle star de Nikon ?
Prise en main
Le Z9, mais en mieux
Nous allons encore en froisser certains, mais le principal inconvénient du Z9 était avant tout son encombrement. OK, “on n’y comprend ou n’y connaît rien”… OK, d’aucuns apprécient avoir un haltère au bout du bras pour shooter. Et oui, il est important d’avoir un boîtier résistant pour aller crapahuter dans le Svalbard. Il n’empêche, à l’ère des hybrides plus compacts, le monobloc Z9 fait un peu figure d’irréductible et Nikon apporte une belle réponse avec ce Z8.
Un sacré engin tout de même.
On est toutefois face à un appareil plus imposant que ses pairs. Le Z8 pèse 910 g nu, contre 737 g pour l’A7R V qui fait office de poids lourd chez Sony. Ceci étant, il passe sous le kilogramme par rapport au Z9 et ce gain n’est pas négligeable. De même, avec ses 144 x 118,5 x 83 mm, il en impose face aux hybrides, mais demeure bien plus compact que le Z9. Et Nikon souhaitant le rapprocher du D850, il fallait tout de même un appareil qui se distingue de la gamme classique du constructeur.
Imposant face au Sony A7R V.
Si Nikon explique que le Z9 jouit d’une résistance de char d’assaut, le Z8 ne s’en sort pas trop mal, pouvant fonctionner jusqu’à -10 °C, ce qui est supérieur à de nombreux appareils modernes. Notez par ailleurs qu’une fois installé sur un grip, le Z8 est plus gros que le Z9.
Le Z8 est plus compact que le Z9, mais sans son grip…
Prise en main réussie
Une fois en main, on retrouve la qualité Nikon. La poignée tombe bien dans le creux de la paume, même si le boîtier reste massif, d’autant plus surmonté d’une des optiques imposantes dont le japonais a le secret, tel le Nikkor Z 50mm f/1,2 S. La disposition des boutons au niveau du déclencheur est identique à celle du Z9 ou même du Z7 II. On apprécie de retrouver, au-delà du commutateur d’alimentation, l’activateur pour le rétroéclairage des commandes. Une option rare et pourtant si commode.
ON, OFF et rétroéclairage.
Il n’oublie rien en matière de commandes
L’épaule droite de l’appareil est occupée par un petit moniteur monochrome affichant les métadonnées ou les paramètres basiques. L’épaule gauche, elle, est dotée d’un trèfle de sélection pour ajuster l’enchaînement, la balance des blancs, le bracketing ou encore le mode de prise de vue (PASM). À l’avant, de part et d’autre de la monture Z, on recense deux touches paramétrables Fn1 et Fn2, ainsi qu’un bouton pour modifier le comportement de l’autofocus.
Les nikonistes en terrain connu
Au dos, le mimétisme avec un Z9 qui serait délesté de sa double poignée est total. Rien n’a bougé et on retrouve exactement les mêmes commandes. Si tout fonctionne bien et que l’on juge le joystick de très bonne facture, on déplore toujours la croix multi-directionnelle qui encercle la touche OK. Chez Nikon, cette commande fait un peu trop plastique et on préfère d’ordinaire qu’elle soit doublée d’une molette d’ajustement.
Nikon oblige, on est souvent confronté à des choix assez baroques en matière de commandes, obligeant à maintenir un bouton, puis à tourner la molette dans un sens ou dans l’autre pour activer telle ou telle fonction. Sans oublier des menus, certes très complets, mais parmi les plus denses du marché. Un nikoniste n’aura aucun mal à se repérer, mais pour un débutant, voire un habitué de la photo passant chez Nikon, il faudra un certain temps d’adaptation, peut-être plus qu’avec d’autres marques.
Un appareil pas toujours accessible.
Moniteur très défini, viseur un peu moins, mais confortable
L’écran tactile de 8,2 cm de diagonale et d’une bonne définition de 2,1 Mpts est une fois encore monté sur une charnière qui lui permet de s’incliner verticalement et horizontalement, mais pas de se retourner totalement. Un choix peu cohérent avec l’orientation vidéo de l’engin, qui existait déjà chez le Z9. Nikon fait un peu figure de dernier des Mohicans ici. Le viseur reprend aussi la définition du Z9 avec 3,69 Mpts. C’est un peu léger par rapport à la concurrence, à l’instar du Sony A7R V et ses 9,44 Mpts. Cet EVF est néanmoins assez large et surtout très lumineux, rendant son utilisation très agréable.
Un écran bien orientable.
Un double espace de stockage
Pour le stockage, le Z8 utilise un double slot CFexpress type B/XQD et SD UHS-II comme sur les Z6 II et Z7 II, seul le Z9 conservant un double espace pour CFexpress. Cela joue mécaniquement sur la gestion de la mémoire tampon, mais nous y reviendrons.
Carte CFexpress type B et SD UHS-II.
Une connectique inédite sur le marché
Outre la griffe porte-accessoire à son sommet, toute la connectique est installée sur le flanc gauche de la bête, et on peut dire qu’elle est bien complète :
Prise casque 3,5 mm
Prise micro 3,5 mm
HDMI Type-A
USB-C 1 Power Delivery
USB-C 2
Prise 10 broches télécommande
Batterie moins endurante, mais recharge via USB
Enfin, pour faciliter sa connectivité, le Z8 peut compter sur le wifi 6 et le Bluetooth 5.2. Faute de place, le Nikon Z8 n’embarque pas l’accumulateur EN-EL18d du Z9, hérité des reflex monoblocs. On dispose alors d’une compatibilité avec les batteries EN-EL15a/b/c, moins endurantes, mais autorisant la recharge via le port USB-C du boîtier.
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Réactivité
Système AF toujours très performant
Le Nikon Z8 dispose d’un système autofocus équivalent à celui du Z9. Il utilise le processeur Expeed 7 associé à une détection de phase qui se repose sur 493 points AF. Le boîtier autorise la détection et le suivi d’un très grand nombre de sujets (humains, animaux, véhicules, etc.) et s’acquitte de cette tâche avec brio, sans surprise pour ce quasi-clone du Z9.
Le Z8 est un appareil vif.
Le Z8 est très performant en réactivité pure. Son démarrage est très vif, à rapprocher du Sony A7R V, un des meilleurs élèves dans le domaine. D’ailleurs, cette comparaison est plutôt pertinente puisqu’en acquisition du point de jour, ils sont tous deux très semblables. On trouve plus nerveux, mais cela reste une réussite. Par faible luminosité, le Z8 (comme le Z9 auparavant) accuse cependant une petite baisse de régime. L’enchaînement des images s’effectue en revanche sans heurt.
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De sacrées performances en rafale
En rafale, le Z8 reproduit les mêmes performances que le Z9. La rafale maximum en raw+jpeg atteint 20 i/s, et grimpe même à 30 i/s en jpeg seul. En descendant à 11 Mpx, on peut même obtenir plus de 120 i/s, toujours avec suivi autofocus. Notez qu’il existe aussi un mode 60 i/s en mode APS-C de 19 Mpx. À côté, le Sony A7R V et ses 10 i/s sont à la traîne, mais il ne s’agit pas d’un boîtier pour le sport.
Des rafales impressionnantes.
De même, le Z8 encaisse ses vitesses avec son seul obturateur électronique, mais grâce à son capteur stacked, il compense aisément les déformations liées à l’effet de rolling shutter. Vous trouverez plus d’informations sur ce type de capteur dans un article publié lors de la sortie du Z9, en le comparant aux Sony Alpha 1 et Canon EOS R3.
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Attention au buffer avec la carte SD
Quid de la mémoire tampon, direz-vous ? En ce qui concerne le buffer et en utilisant une carte CFexpress Type-B, cela fonctionne comme avec le Z9 (une fois encore, n’hésitez pas à lire l’article dédié). En raw+jpeg, on obtient entre 60 et 115 clichés selon la compression, ce qui n’a rien d’exceptionnel. Mais en raw compressé seul ou en jpeg seul, on approche, voire dépasse les 1000 images consécutives.
Le buffer du Z9 avec la carte CFexpress Type-B.
Le photographe dispose également d’un slot pour carte SD UHS-II, mais on évitera de l’utiliser pour des fortes rafales. En effet, ici, en raw+jpeg, on obtient selon les compressions entre 27 et 30 clichés enregistrés. C’est à peine mieux avec un seul format capturé en même temps. Avec la rafale à 30 i/s, le boîtier se bloque en jpeg (compression normale) et on atteint 200 images en buffer. Avec la rafale à 120 i/s, on obtient presque 650 clichés d’affilée.
La mémoire tampon est limitée avec la carte SD.
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Qualité des images
Montée en sensibilité
Le Nikon Z8 est muni d’un capteur 24×36 de 45,7 Mpx.
Dans son Z8, Nikon reproduit le capteur du Z9 BSI CMOS stacked de 45,7 Mpx stabilisé mécaniquement. Par défaut, sa plage de sensibilité couvre 64 à 25 600 ISO, mais il est possible de l’étendre entre 32 et 102 400 ISO.
Même capteur, même traitement, même comportement : le Nikon Z8 livre des images de haute qualité, avec des couleurs riches et un bon niveau de détail. Les jpeg permettent de conserver des détails jusqu’à 3200 ISO, quand un lissage plus marqué se fait ressentir à partir de 6400 ISO. On observe les mêmes effets avec les fichiers raw, même si le “grain” demeure plus fin à 6400 ISO que le lissage jpeg. On pourra exploiter sans trop de peine la valeur de 12 800, mais au-delà il faudra réserver les clichés à des usages exceptionnels.
Latitude d’exposition
Pour vérifier l’étendue des possibilités d’un point de vue “artistique”, nous avons photographié notre scène de test sur une plage de +/–5 IL et corrigé les fichiers bruts avec nos logiciels de retouche afin d’obtenir une exposition similaire.
En ce qui concerne la gestion de la dynamique, le capteur de 45,7 Mpx parvient à restituer les faibles lumières sans bruit vraiment notable jusqu’à – 3 IL. Le grain commence à se montrer à -4 IL, mais il reste très limité. Il faut attendre -4,3 IL pour remarquer qu’il existe bel et bien.
Pour la récupération des hautes lumières, c’est toujours plus compliqué. Si des détails sont aisément récupérables jusqu’à +1,3 IL, voire +1,6 IL en étant généreux, des dérives colorimétriques sont déjà observables à cette valeur. Ensuite, on perd trop de détails, puis l’image n’est plus vraiment exploitable.
Mode vidéo
8,3K, 60 i/s en N-Raw, à 43 Go/min
À l’instar du Z9, le Nikon Z8 n’oublie pas la vidéo. Comme de nombreux hybrides modernes, le Z8 est ainsi bardé d’options qui feraient rougir certaines caméras totalement dédiées au cinéma. Au petit jeu de la définition, le boîtier gagne la palme des appareils 24×36 avec un enregistrement en interne jusqu’en 8,3K et 60 i/s, le tout en N-Raw, format brut de la firme. On n’observe ici aucun recadrage ni limite d’enregistrement théorique. Nikon souffle juste que son “petit” Z8 dissipe un peu moins bien la chaleur que le Z9. Il faudra bien sûr prendre en compte la taille des fichiers.
Dans ce format qui capture des séquences en 8268 x 4652 pixels, 1 min de rush pèse la bagatelle de… 43 Go ! Une carte CFexpress de type de 128 Go (qui chauffe !) peut donc enregistrer un peu moins de 3 min de séquences à la fois. Les cartes SD les plus rapides ne pouvant pas encaisser de tels débits, on se demande pourquoi Nikon n’a pas encore débloqué l’enregistrement direct sur SSD depuis le boîtier. Une fonction beaucoup trop rare, uniquement exploitée par Panasonic et Sigma.
Le N-Raw n’est pas accessible à tous
Si vous souhaitez épargner un peu, vos cartes Nikon proposent aussi la 4K DCI en Apple ProRes RAW HQ et 60 i/s. Ici, les fichiers sont presque deux fois moins lourds, à “seulement” 23 Go la minute. Notez qu’il est aussi possible d’enregistrer en 8K UHD et 30 i/s dans le format plus classique H265, bien moins lourd. EN N-Raw, cela donne un format .nev qui n’est lisible, à l’heure où nous rédigeons ce test, que par une poignée de programmes, dont DaVinci Resolve de Blackmagic Design, mais pas Adobe Premiere Pro. Même notre version de DaVinci n’autorise pas l’export direct en 8,3K et ne permet pas l’analyse habituelle de nos données en laboratoire. Les images issues de la juxtaposition ci-dessus proviennent d’un enregistrement plus classique en 8K UHD 30 i/s 4K UHD, 60 i/s Apple ProRes.
Autofocus et rolling-shutter
Toutes les fonctions autofocus sont présentes en vidéo et celui fonctionne vraiment bien. Le suivi est totalement opérationnel et n’est que très rarement pris en défaut. Nous trouvons néanmoins l’AF un peu plus mou qu’en photo, même en le dynamisant un peu via les réglages. À ce niveau, il est encore un cran derrière Sony en réactivité vidéo, mais nous pinaillons. Grâce au capteur empilé, l’effet de rolling-shutter est quant à lui presque totalement annihilé, même en 8,3K et à 60 i/s,. Une vraie bonne performance.
Louis Royer / Les Numériques
Louis Royer / Les Numériques
Louis Royer / Les Numériques
Louis Royer / Les Numériques
Louis Royer / Les Numériques
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Louis Royer / Les Numériques
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Points forts
Ergonomie et fonctions de personnalisation.
Résistance à l’humidité et à la poussière.
Réactivité et gestion de la sensibilité.
Détection et suivi AF des visages ou des yeux en photo/vidéo.
Stabilisation du capteur.
Rafales à 20 i/s, et même 120 i/s en jpeg.
Mode vidéo complet avec enregistrement 8K et 4K 120 i/s.
Enregistrement illimité sans recadrage en vidéo 4K et 8K.
Connectique complète.
Double emplacement pour le stockage.
Prise de vue pendant l’alimentation.
Points faibles
Toujours un peu encombrant.
Prise en main experte complexe.
Latitude d’exposition limitée.
Viseur moins perfectionné que ceux de la concurrence.
Pas de rotule pour l’écran.
Mémoire tampon maximale parfaitement exploitable uniquement avec une carte mémoire premium.
Pas d’enregistrement direct sur SSD.
Conclusion
Note globale
Comment fonctionne la notation ?
Le Nikon Z8 est un appareil assez impressionnant. Il reconduit toutes les avancées du Z9 et se débarrasse des quelques “défauts” que l’on pouvait imputer au monobloc japonais. C’est un appareil expert, très polyvalent en photo comme en vidéo, qui concurrence aisément les meilleurs hybrides sportifs et de studio, le tout avec une politique tarifaire agressive. Ceci étant, le Z8 est toujours plus encombrant que sa concurrence, surtout muni des grosses optiques Nikon pour hybrides. Mais une fois qu’on y a goûté, difficile de s’en passer.
Source : https://www.lesnumeriques.com/reflex-hybride/nikon-z-8-p73335/test.amp.html
Auteur :
Date de Publication : 2023-07-01 07:00:00
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